« Mon Dieu, quelle tarte à la crème ». je sais, c’est ce que vous devez vous dire en regardant ce titre. Un peu de naïveté ajoutée à quelques bons sentiments et voilà une analyse (si l’on peut appeler cela ainsi) qui ne fera pas avancer le schmilblick ni ne révolutionnera la pensée universelle. Et là, je dis : STOP ! La bienveillance n’est pas un concept naïf ou simplement humaniste, c’est bien plus, c’est un mode de vie et de gestion ! Pour en parler très souvent lors de mes conférences et voir la réaction de mon audience, le sujet semble au coeur des préoccupations des salariés.

Selon le dictionnaire, la bienveillance est une disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui, tout est dit. La bienveillance est sans aucun doute possible une composante essentielle d’un comportement éthique.

En entreprise, pour résumer, le mode de management bienveillant est en opposition avec le mode de management pyramidal, prétentieux et parfois agressif pour ne pas dire malveillant. Au delà des individualités, c’est l’entreprise toute entière qui se doit d’être bienveillante au travers, par exemple, d’une politique RH adaptée. Pourquoi ? Parce que dans les années à venir, l’attachement des individus à leur entreprise (générations Y et Z) sera de plus en plus faible, toutes les études le montre. Plus le temps passe, plus ce seront les personnes qui choisiront leur entreprise plutôt que l’inverse. Ce fait ajouté au départ massif à la retraite des baby boomers, les entreprises françaises doivent se préparer à ce que vivent les entreprises allemandes : séduire pour pouvoir recruter. Pour préparer l’avenir et avoir les meilleurs collaborateurs, les entreprises doivent se préparer et pour certaines : changer.

Concrètement, la bienveillance en entreprise, c’est quoi ?

1- Proposer plutôt que d’imposer

Une stratégie sera toujours plus efficace si l’ensemble des collaborateurs se sent responsable du choix de celle-ci. Il ne s’agit pas forcément d’être dans un management collaboratif en tout, et pour tout, mais, pour les grandes décisions, inclure une part de discussion est fondamental. Un manager n’est pas infaillible et il est rassurant pour les équipes que dans son mode de management, celui-ci attende de ses équipes qu’elles l’aide !

2- Ecouter plutôt que de parler

Manager c’est décider, c’est trancher et choisir. Pour se faire, il faut avoir tous les éléments en main. C’est à ce titre qu’écouter ses collaborateurs ou ses collègues est fondamental, non seulement pour prendre de l’information afin d’éclairer ses choix mais également pour motiver les personnes autour de soi. Etre bienveillant, c’est savoir écouter, pas seulement entendre; C’est écouter en prêtant attention et en respectant la valeur de la parole de son interlocuteur. C’est avec ce type d’écoute que sa propre réflexion devient plus riche.

3- Manager plutôt que de copiner

Manager avec bienveillance, c’est aussi avoir un relationnel et des actes identiques avec tout le monde. Trop de managers ont autour d’eux une « bande de copains ».sur le même modèle que les courtisans à la cour du Roi. Conséquences ? 1- un courtisan, par principe ne contredit jamais le Roi et ne lui permet pas de voir si il fait des erreurs.2- ceux qui ne sont pas courtisans sont plus occupés à essayer de le devenir qu’à servir les intérêts du royaume.3-le Roi se pense génial et ne se remet pas en question. Une étude a montré que seulement 10% des managers géraient véritablement 100% de leur équipe. Les 90% ne gérant que les collaborateurs avec qui ils ont des affinités !

4- Développer plutôt que de sanctionner

Les erreurs sont humaines mais les managers oublient souvent que ce sont ces erreurs qui, au final, rendent les collaborateurs meilleurs. La bienveillance dans le management, c’est admettre la possibilité de se tromper et de mettre l’ensemble des collaborateurs en confiance sur ce point afin de libérer les énergies.

La bienveillance ne veut en aucun cas dire qu’aucune sanction ne doit jamais tomber mais que si sanction il doit y avoir, elle sera juste.

5- Sourire plutôt que de faire la tronche H24

La bienveillance est une attitude également. Pour ce point, dans le détail, vous pouvez lire mon article « Le management par le sourire ».

6- Assumer plutôt que de dissimuler

Combien de manager en période d’augmentation n’osent pas faire de choix et répartissent une augmentation globale entre tous les collaborateurs quelles que soient leur performance ? Combien de managers n’assument pas leur choix et n’expliquent pas à un collaborateur pourquoi il n’a pas été augmenté ? Etre bienveillant ne veut en aucun cas dire « être gentil ». Etre bienveillant, c’est, quand il s’agit d’annoncer une mauvaise nouvelle, faire preuve de psychologie et de respect.

Contrairement à ce que pensent certains managers, un collaborateur sera toujours plus motivé par un manager qui communique, y compris les mauvaises nouvelles, que par un manager enfermé du matin au soir dans son bureau et ne communique que par mail.

Conclusion

La bienveillance génère de l’énergie positive. Cela est vrai en entreprise comme dans la vie personnelle. Je suis absolument convaincu que l’entreprise ne pourra faire l’économie de développer cette attitude dans les années à venir si elle souhaite réduire son turn-over. Certes, actuellement, la crise et le chômage laisse penser à certaines entreprises que la « chose humaine » est secondaire… question d’offre et de demande. Mais cette vue très « court-termiste » risque de se retourner très vite contre elle, effet croisé d’une éventuelle sortie de crise, de l’arrivée sur le marché du travail des générations Y et Z et, enfin, du départ à la retraite des baby-boomers… dans moins de 10 ans, ce sont les salariés qui choisiront leur entreprise de façon plus assumée… aux entreprises de donner envie, peut-être en développant, grâce à ses managers, un comportement plus éthique… et il y a urgence !!!

– Gaël Chatelain 

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